Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°13
Entretien avec DIDIER TRUCHET, professeur émérite (université Panthéon-Assas), membre et ancien président du Conseil national du droit
« La non-sélection en master trahit l’esprit de la loi sur l’autonomie des universités en montrant à l’opinion publique et à nos concurrents combien nous sommes des “opérateurs” peu libres »
Le Conseil d’État a rappelé dans un avis du 10 février 2016 qu’une sélection ne peut être mise en place pour l’accès aux formations de première ou deuxième année de master à l’université qu’à condition que ces formations soient répertoriées par décret. Le 4 mars 2016, les présidents des universités Panthéon-Sorbonne Paris I et Panthéon-Assas Paris II avec les directeurs des 415 masters 2 des deux universités ont envoyé une lettre ouverte à la ministre de l’Enseignement supérieur et à son secrétaire d’État pour demander notamment à continuer à pouvoir sélectionner leurs étudiants en master 2. Le professeur Didier Truchet, ancien président du Conseil national du droit revient sur les mérites de la sélection actuelle et les dangers qu’une non-sélection engendrerait pour les étudiants eux-mêmes.
La Semaine juridique, Édition générale : L’avis rendu le 10 février par le Conseil d’État provoque un certain tollé du côté des enseignants. Y a t-il péril, comme certains le dénoncent, quant à l’avenir de l’université ?
Didier Truchet : Soulignons d’abord que l’avis du Conseil d’État invite le Gouvernement à exercer sa compétence. Ensuite, le péril ne vient pas de l’avis mais de la situation juridique analysée par cet avis. La fin de toute sélection en master menacerait la qualité des M2, et l’image que l’université a su donner d’elle aux étudiants et aux employeurs en les bâtissant intelligemment en liaison avec les
milieux professionnels.
Nous avons créé une filière sélective, conforme à nos missions de service public et donc démocratique car tout étudiant qui le souhaite accède à un M2, même si ce n’est pas celui qui
a sa préférence. C’est un élément essentiel de notre compétitivité face aux grands établissements
et grandes écoles et à nos concurrents étrangers. Le détruire – ou donner le sentiment qu’il est détruit – serait extrêmement grave pour notre attractivité nationale et internationale.
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LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 13 – 28 MARS 2016