Quand le doctorat engage l’avocat

Extrait de la Semaine Juridique Edition Générale

LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

Quand le doctorat engage l’avocat

L’été dernier, l’Association française des docteurs en droit (AFDD) inaugurait, sous l’impulsion d’Ariane de Guillenchmidt-Guignot, avocat au barreau de Paris, le concours du prix de thèse 2017 en droit interne et international de la famille, des personnes et des données personnelles. À l’aube de la cérémonie de remise du prix, elle témoigne du chemin parcouru. 

Rendez-vous est donné, le 12 octobre prochain au Conseil supérieur du notariat (CSN) pour récompenser une aptitude singulière à découvrir, à conceptualiser et à critiquer. Dans la sphère universitaire, le titre est honorifique. En droit de la famille, l’encouragement est grand. Empruntant les contours d’un prix déjà créé en droit de l’entreprise par l’AFDD, Ariane de Guillenchmidt-Guignot, en sa qualité de membre du conseil d’administration de l’association, se réjouit de la naissance de ce prix, en partenariat avec le Conseil national de l’enseignement professionnel notarial (CNEPN) et les éditions LexisNexis. Elle voit dans la pluridisciplinarité du jury une richesse, identifie dans les candidatures adressées des thèses « de bonne facture », et renouvelle son souhait d’y associer les avocats. Elle aime rappeler que « la justice familiale est la justice du quotidien ». Si famille, patrimoine et personnes, notamment en droit international privé, façonnent ses journées, elle chouchoute certaines inspirations au coeur de ses engagements. « À l’issue de ma thèse, LexisNexis m’a proposé de rédiger un fascicule JurisClasseur sur les jeux en ligne, en particulier sur les paris sportifs.

Passionnée par les enjeux de la discipline, j’ai monté un groupe de travail à l’université de Paris I avec le réseau Trans Europe Experts et ai siégé dans la Chaire de droit du sport de la Sorbonne pour approfondir la problématique du trucage des matchs ». Mais, à l’instar de certains compétiteurs chevronnés de son entourage, cette amoureuse de course, de ski et de tennis chasse tout esprit de rivalité, guide sa vie avec philosophie, et jongle entre ses fonctions sans perdre l’équilibre. Son secret : « prendre le temps de s’organiser ». « Parfois, j’ai l’impression de devoir avoir dix bras et quatre jambes ; j’aimerais avoir un don d’ubiquité ! ». Sa disponibilité ravit, sa simplicité séduit. Soutenue par ses fidèles, chez elle, le « droit est affaire de famille », elle inscrit sa démarche dans une quête constante de pragmatisme. Elle nous parle de formation, loue les mérites de la médiation et du droit collaboratif. Ce dernier est une « technique de négociation raisonnée appliquée au droit de la famille, qui renouvelle l’approche des dossiers pour lesquels la réponse judiciaire n’est pas adéquate. Il cristallise la relation de confiance avec le client et permet de pacifier des relations parfois très conflictuelles en restaurant un lien là où il n’y en a plus ». De son année à la première présidence de la Cour de cassation, l’assistante de justice nourrit une ouverture d’esprit. Des faiblesses de la justice alors constatées, la praticienne puise sagesse et expérience. Elle cite Mark Twain. Pour dévoiler l’effervescence d’une personnalité libre et créative. À l’AFDD, elle défend avec les membres du conseil d’administration l’intégrité du diplôme de docteur en droit et lutte contre une insertion professionnelle décevante. « Cette année, l’association, par la voix de son président, Daniel Tricot, a pris position pour le maintien de la passerelle à l’entrée de l’EFB, que certains avocats veulent supprimer ». D’autres efforts sont à faire pour promouvoir les docteurs en droit, tant au niveau institutionnel, qu’entrepreneurial ou social. À regret, elle constate que « le doctorat n’est ni considéré lors de l’attribution des points de retraite, ni dans l’avancement des carrières dans le privé et dans le public ». Puissent les lauréats continuer à cultiver l’art de la pensée juridique pour déclamer, eux aussi, « nous ne savions pas que c’était impossible, alors nous l’avons fait ! ».

Alice Philippot

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 36 – 4 SEPTEMBRE 2017 – © LEXISNEXIS SA

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