EXTRAIT DE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 28 – 9 JUILLET 2018 – © LEXISNEXIS SA
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« La profession doit savoir saisir les opportunités incroyables qui sont offertes par la révolution du numérique, sans pour autant perdre son âme »
3 questions à Jean-Victor Borel, avocat associé, Cabinet Borel & Del Prete
À l’instigation de sa nouvelle Commission « Transition numérique et mutations de la profession d’avocats », présidée par Me Jean-Victor Borel, et sous l’égide du Bâtonnier Jean-Pierre Rayne, le barreau d’Aix-en-Provence annonce la création de son incubateur, et sa volonté d’adhérer au réseau national des incubateurs lancé, rappelons-le, sous l’impulsion de l’Incubateur du barreau de Paris à l’occasion de la Convention nationale des avocats en octobre 2017. La signature officielle des statuts de ce réseau national est prévue le 20 septembre prochain à Paris. Le barreau d’Aix-en-Provence y participera dans le cadre de l’officialisation de son adhésion au réseau.
Après Bordeaux, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Toulouse et Montpellier, le barreau d’Aix-en-Provence se lance dans l’aventure de l’Incubateur. Quelles sont vos priorités pour répondre aux besoins des avocats en matière d’innovation et de numérique ?
Le phénomène que l’on appelle communément « la transition numérique » peut apparaître brutal pour certains, et être vécu comme un choc, alors que d’autres saluent les vertus positives d’une disruption.
Depuis quelques années, le phénomène ne cesse de s’accélérer, avec la multiplication des plateformes, l’apparition de robots, les travaux relatifs à l’élaboration d’outils de justice prédictive, et plus généralement le développement des legaltechs.
C’est une véritable révolution industrielle au même titre que les précédentes qui ont marqué l’histoire de l’humanité.
La question n’est plus depuis longtemps de savoir si la vague du numérique va ou non arriver sur nous, mais de savoir comment s’adapter aux changements qui sont actuels et a priori inéluctables. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les avocats doivent ainsi s’approprier le numérique, et en faire un atout en termes de compétitivité.
L’époque actuelle est l’occasion de repenser la relation entre l’avocat et ses clients, et de se recentrer sur les attentes de ces derniers, afin de mieux y répondre.
À cet égard, les outils numériques sont susceptibles d’aider les avocats à fournir à leurs clients un service de meilleure qualité à un prix attractif, dans des conditions de rentabilité satisfaisantes, en les aidant par exemple à améliorer le ratio temps passé / temps facturable, et à dégager du temps susceptible d’être consacré à des tâches à haute valeur ajoutée (analyse stratégique, conseil, etc.).
Notre objectif est ainsi, d’une part, de mener une réflexion sur les nouveaux outils dont les avocats ont besoin et, d’autre part, de porter et/ou de susciter des projets innovants susceptibles de répondre à ces attentes, puis d’accompagner les meilleurs projets à l’issue d’une sélection afin de contribuer à leur réalisation, dans le respect de la déontologie.
À l’issue de la consultation nationale proposée par le RNIB fi n 2017 (V. JCP G 2018, prat. 127 ), 60 % des avocats souhaitaient que les incubateurs des barreaux soient un soutien à l’innovation afi n de tester les outils développés par les legaltechs. Comment intégrez-vous cela dans vos réflexions ?
Les projets innovants, portés par la Commission ou sélectionnés au sein de l’incubateur à la suite des appels à projets, ont naturellement vocation à être testés au sein de l’incubateur dans le cadre d’une phase expérimentale.
Si les tests sont concluants, les outils mis au point pourront être adoptés par le barreau puis mis à disposition de ses membres de façon mutualisée dans l’intérêt collectif.
Ils pourront aussi être adoptés de façon individuelle par les avocats, notamment lorsqu’il s’agit d’outils de niche.
Vous présidez la nouvelle Commission « Transition numérique et mutations de la profession d’avocats » du Barreau d’Aix-en-Provence. Quelles sont ses missions et comment s’articulent ses actions avec celles de l’incubateur ?
Cette commission prospective a été créée sous l’égide du Bâtonnier Jean-Pierre Rayne afin notamment de mener une réflexion, au sein de notre Barreau, sur l’impact sur notre profession de « la transition numérique ». La problématique de la transition numérique est indissociablement liée à celle, plus large, des mutations qui affectent la profession d’avocat (ex. : élargissement du champ d’activité par la possibilité d’exercer une activité commerciale à titre accessoire, l’interprofessionnalité, etc.).
C’est pourquoi le champ d’action de la commission est plus large que la seule problématique du numérique, d’où son intitulé : Commission prospective « Transition numérique et mutations de la profession d’avocats ». Dans ce cadre, la commission aura principalement les objectifs suivants à l’échelon du ressort territorial de la cour d’appel d’Aix-en-Provence: analyser l’impact du numérique sur la profession d’avocat ; analyser les principales mutations de la profession d’avocat ; analyser l’évolution des offres et des acteurs sur le marché du droit ; contribuer à l’information des membres du Barreau afin de leur permettre de s’adapter aux changements que connaît notre profession, et de faire face à une concurrence multiforme, dans le respect de la déontologie ; porter et soutenir des projets innovants.
Son ambition est d’apporter une contribution à l’échelon du barreau afin que soit atteint cet objectif commun : que la profession sache saisir les opportunités incroyables qui sont offertes par cette révolution du numérique, sans pour autant perdre son âme.
La Commission va travailler en lien étroit avec l’incubateur. Les analyses et réflexions menées au sein de la Commission la conduiront à fournir un éclairage au Conseil de l’Ordre sur la régularité déontologique des projets susceptibles de lui être soumis. Les projets d’initiative locale innovants seront sélectionnés et/ou portés au sein de l’incubateur. Enfin, l’incubateur apportera sa contribution aux travaux et aux actions du réseau national des incubateurs destiné à porter la voix des incubateurs des barreaux, pour mutualiser les actions et leur offrir un rayonnement unifié et renforcé, au niveau national, européen voire international.
Propos recueillis par Hélène Béranger
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck