EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 7 – 18 FÉVRIER 2019
LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS
Etienne Mangeot, les libertés pour tous, sans exception
Le 27 janvier dernier, Etienne Mangeot a remporté trois prix au concours international de plaidoiries des avocats pour les droits de l’homme au Mémorial de Caen. Inscrit au barreau de Metz, le jeune avocat évoque ses divers engagements.
Au moment de l’interview, Etienne Mangeot est en pleine session d’assises à Nancy. À 32 ans, il défend la principale accusée dans un procès pour viols, actes de torture et de barbarie qui doit durer trois semaines. Celle-ci l’a contactée au début de l’instruction. Les faits remontent à 2015, l’année même où l’avocat a prêté serment. « Ce sont mes septièmes assises. Mais je plaide toutes les semaines », fait-il remarquer, ajoutant : « le bouche à oreille fonctionne très bien au pénal, y compris en maison d’arrêt ». Le Toulois conteste certaines qualifications pénales de l’affaire en cours et s’attend à des réquisitions extrêmement sévères. « Je déteste la déshumanisation des accusés, cette vision manichéenne consistant à faire d’eux des individus prédestinés à devenir des monstres », lâche-t-il. Les peines seront beaucoup moins sévères que celles requises, toutefois le parquet fera appel.
Au concours international de plaidoiries des avocats pour les droits de l’homme auquel il a participé le 27 janvier, le seul provincial des participants avait là aussi choisi de défendre celui qu’on n’a pas envie de défendre : Adrien Guihal, « l’ennemi public n°1 », « Français de souche et prédicateur de Daesh », capturé en mai dernier par les forces démocratiques syriennes à Rakka, et dont la France se dédouane en reconnaissant légitimes les autorités locales pour juger son cas. « En quoi valons-nous mieux que ces terroristes si, pour toute réponse, nous leur opposons leurs propres méthodes ? », a-t-il lancé devant une salle comble. Son discours démontrait que la France est compétente pour juger son ressortissant, et responsable de la capacité de ce dernier à exercer tous ses droits. « Dans nos consciences, il est difficile d’imaginer que les libertés fondamentales n’ont pas de camp, remarque-t-il. Mais c’est là notre supériorité face à l’obscurantisme ». Le discours a convaincu, et largement. L’avocat a reçu trois des quatre récompenses décernées ce soir-là : prix du Mémorial et de la Ville de Caen, prix du public et prix du 30 e anniversaire du concours. Une vraie surprise pour ce jeune ténor qui portait sur scène ses convictions intimes.
Etienne Mangeot n’a pas tous les jours l’occasion de défendre les libertés fondamentales mais ce jour-là il s’insurge contre l’interdiction qui lui est faite de rencontrer une cliente faisant l’objet d’un placement extérieur cinq jours avant son audience. « Je trouve cela aberrant et je remue ciel et terre pour faire respecter son droit à un procès équitable », tonne-t-il. Plus généralement, l’avocat puise dans les grands sujets universels autant que dans le Code pénal ses arguments. Comme cette fois où il plaide l’amour pour défendre une gendarme follement éprise d’un délinquant auquel elle avait confié des informations confidentielles. Il obtiendra une peine avec sursis. « Je m’étais engagé dans cette plaidoirie en disant que j’aurais fait pareil et en invitant les magistrats à faire preuve d’humilité, et j’ai été entendu », dit-il. C’est à Sciences Po Paris que le Lorrain découvre son goût pour l’oralité qui scelle sa vocation. En parallèle de HEC, il étudie le droit et passe l’examen du barreau. Puis s’installe immédiatement à Metz où il exerce en particulier dans le domaine de la propriété intellectuelle et du droit pénal. Un choix de « qualité de vie »…
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck