[Portrait] L’appel à la libération de Nasrin Sotoudeh

EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 14 – 8 AVRIL 2019

LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

L’appel à la libération de Nasrin Sotoudeh

L’avocate iranienne défenseure des droits de l’homme, Nasrin Sotoudeh, incarcérée depuis le 13 juin 2018, encourt une nouvelle peine de 33 ans de prison et 148 coups de fouet. Les avocats et la communauté internationale se mobilisent pour réclamer sa libération.

Son portrait a été déployé sur la façade du Conseil national des barreaux à Paris. En soutien à Me Nasrin Sotoudeh, le CNB a lancé le 12 mars une pétition en faveur de sa libération qui a déjà recueilli quelques 200 000 signatures (sur change.org). En France, et dans le monde, l’indignation est unanime. Détenue à la prison d’Evin à Téhéran, Me Nasrin Sotoudeh purge actuellement une peine de 5 ans de prison pour « espionnage ». Le 11 mars dernier, l’avocate a été, à nouveau, condamnée in absentia à 7 ans d’emprisonnement pour « collusion contre l’État » et « insulte au leader », a annoncé le Tribunal révolutionnaire de Téhéran. Le même jour, dans un message publié sur Facebook, son mari Réza Khandan, affirmait qu’elle aurait en réalité été condamnée à 33 ans de prison et à 148 coups de fouet sur le fondement de 7 chefs d’accusation, notamment « conspiration, collusion contre la sécurité nationale, propagande, incitation à la corruption et à la débauche, », et pour s’être présentée par le passé au tribunal et en prison sans voile. Selon le Syndicat des avocats de France (SAF), la procédure serait toujours en cours. Difficile d’en savoir plus.

En tout état de cause, Me Nasrin Sotoudeh restera derrière les barreaux. Mais quel est le crime de cette avocate réduite au silence ? « Exercer mon métier » avait-elle déclaré il y a quelques années. Avocate depuis 1995, cette infatigable défenseure des droits humains, militante féministe, engagée contre la peine de mort, se consacre à la défense des droits des femmes et des enfants ; elle a également défendu des militants de l’opposition, des mineurs encourant la peine de mort, des prisonniers d’opinion et des journalistes. Des matières inflammables en Iran. En 2010, pour avoir représenté des manifestants contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, Nasrin Sotoudeh avait été radiée du barreau et condamnée à 6 ans d’emprisonnement des chefs de« propagande et conspiration portant atteinte à la sûreté nationale » et « outrage au Guide suprême », avant d’être libérée en 2013 après l’arrivée au pouvoir du « modéré » Hassan Rohani.

À Téhéran, depuis quelques années, enfle un mouvement d’affirmation des droits des femmes. Certaines n’hésitent pas à s’afficher sans voile sur les réseaux sociaux ou à le brandir, comme cette jeune femme, immédiatement arrêtée et enfermée, dont la photo a fait le tour du monde. Dans sa lutte en faveur des libertés, Me Sotoudeh a porté la voix de ces femmes qui avaient osé ôter leur hijab en public et s’est opposée publiquement au port du voile, obligatoire depuis la révolution islamique de 1979…

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck