[3 questions à] Anthony Reisberg, la note de synthèse nécessite une maîtrise de la méthodologie, acquise à force d’entraînements

EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 26 – 1er JUILLET 2019

LA SEMAINE DU PRATICIEN INFORMATIONS PROFESSIONNELLES

« La note de synthèse nécessite une maîtrise de la méthodologie, acquise à force d’entraînements »

3 questions à Anthony Reisberg, élève-avocat à l’École de Formation du Barreau de Paris (EFB), étudiant à HEC, Lauréat Prix Espoir Olivier Debouzy

Retour d’expérience. Anthony Reisberg revient dans nos colonnes sur les effets de la réforme de l’examen du CRFPA pour les étudiants qui souhaitent devenir avocats et son passage de l’examen du CRPFA lors de la session 2018.

Vous avez passé le CRFPA depuis l’entrée en vigueur de la réforme. Comment avez-vous appréhendé les deux étapes de l’admissibilité et de l’admission ?

La réforme du CRFPA a été source de bien des inquiétudes pour les étudiants portés par l’ambition de devenir avocat, desquels je fais partie. S’il est normal d’être anxieux à l’approche d’un examen important, les craintes des étudiants en droit sont d’autant plus rationnelles que l’objectif de la réforme est, me semble-t-il, de limiter l’accès à la profession.

Je rappelle qu’en 2013, le rapport sur la réforme de l’accès initial à la
profession présenté par Me Kami Haeri s’ouvrait sur ces mots : « Jamais
le Barreau de Paris n’a attiré autant d’étudiants en droit » . Parmi les propositions envisagées par l’ancien associé du Cabinet August Debouzy, et désormais associé du cabinet Quinn Emanuel, il était notamment question de fixer la moyenne générale à 12/20 et d’instaurer une note éliminatoire au grand oral. Au grand soulagement des étudiants en droit, ces deux propositions n’ont pas été retenues. Toutefois, les mentionner permet de bien comprendre l’un des objectifs de la réforme : faire en sorte que l’étape d’admission ne soit plus une formalité, mais bien un second filtre à l’avocature. Ainsi, la réforme a complètement modifié les épreuves d’admission. Le grand oral dure désormais 45 minutes (au lieu de 30), et porte autant sur les libertés fondamentales que sur la culture juridique générale. De plus, l’épreuve est désormais dotée d’un coefficient 4, soit le plus élevé de tout l’examen. Pour ma part, j’ai passé le CRFPA en septembre 2018 après avoir obtenu mon Master 2 en juin 2018. Je fais donc partie de la deuxième vague de candidats à avoir passé l’examen depuis la réforme. En pratique, bien que le taux d’échec au stade de l’admission ait augmenté depuis 2016, le mécanisme de compensation des notes entre les épreuves d’admissibilité et les épreuves d’admission est tel que la difficulté d’être admis n’est toujours pas comparable à celle d’être admissible. Mon cas particulier illustre assez bien les choses. Avec une moyenne d’environ 14/20 aux épreuves écrites, il me suffi sait d’obtenir 1/20 au grand oral pour être admis, pour peu que j’obtienne une bonne note en anglais. Pour autant, je crois que quel que soit son enjeu, le grand oral est un moment unique qui n’est jamais pris à la légère par les candidats. Le grand oral est l’épreuve emblématique du CRFPA. Qui voudrait ne pas être bon à ce qui s’apparente, de près ou de loin, à la première plaidoirie de sa vie d’avocat ?

Parmi les quatre épreuves d’admissibilité — note de synthèse, droit des obligations, spécialité, procédure — y’en a-t-il une qui demande une préparation plus exigeante et pourquoi ?

Indéniablement, la note de synthèse est l’épreuve la plus importante de l’étape d’admissibilité. Tout d’abord, son coefficient 3 est le plus élevé des épreuves écrites. Il va s’en dire que la réussite au CRFPA se trouve grandement conditionnée par celle à l’épreuve de note de synthèse. Ensuite, la note de synthèse a lieu le premier jour et marque le début d’une lourde semaine d’épreuves. L’émotion des candidats au sortir de l’amphithéâtre sera celle qui les accompagnera tout au long de la semaine. Or, le CRFPA est un examen éprouvant qui nécessite plus de mental qu’on ne le pense. Le sentiment d’avoir échoué à l’épreuve de note de synthèse peut ainsi peser lourd dans l’esprit d’un candidat. Les enjeux sont donc multiples. Paradoxalement, l’exercice est souvent méconnu des étudiants en droit qui le découvrent à l’occasion du CRFPA. Habitués à composer en trois heures, les candidats doivent se préparer très sérieusement à cette épreuve de cinq heures qui ne ressemble en rien à ce qu’ils ont pu connaître jusqu’ici. À mon sens, s’il y a bien une épreuve qu’il faut à tout prix réussir : c’est celle-ci. La note de synthèse ne nécessite aucune connaissance mais demande une maîtrise rigoureuse de la méthodologie qui ne peut être acquise qu’à force d’entraînements. Ainsi, c’est plusieurs semaines à l’avance qu’il faut commencer à s’y préparer.

Si la note de synthèse est l’épreuve qui exige que l’on s’y prépare le mieux, c’est personnellement le droit des obligations qui m’a demandé le plus de travail. Le programme est vaste, plus complexe et plus général que pour les autres matières. Je conseillerais donc aux futurs candidats de prévoir légèrement plus de temps dans leurs révisions pour ces deux épreuves que pour les épreuves de spécialité et de procédure.

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