EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ENTREPRISE ET AFFAIRES – N° 27 – 2 JUILLET 2020
3 QUESTIONS Technologie et créativité juridique : des enjeux d’avenir pour les métiers du droit
François Klein, Managing Partner, KGA Avocats
Matthieu Bourgeois, associé KGA Avocats
Emergence des « legal tech », complexification du droit sous la poussée des mutations technologiques et économiques, évolution des attentes des directions juridiques etc. Face à cette nouvelle donne, les métiers du droit en général et les cabinets d’affaires en particulier se réinventent en permanence.

1- À quels enjeux les métiers du droit doivent-ils faire face ?
François Klein : Les métiers du droit sont en pleine mutation et il nous semble que l’un des grands défis qu’ils doivent relever est d’ordre technologique. Avec l’essor des « legal tech » et la multiplication des offres disponibles pour automatiser un certain nombre de tâches, le risque est que ces technologies au lieu de nous aider – nous asservissent. Si elles doivent nous aider à réfléchir, en aucun cas elles ne doivent nous remplacer dans nos analyses. N’oublions jamais que ces outils s’appuient sur des données qui, potentiellement, peuvent être biaisées, et peuvent donc conduire à des modèles ou des raisonnements erronés. Porté à l’extrême et sans discernement, le recours systématique à la technique risque de remplacer « la réflexion par le réflexe », comme l’écrivait le sociologue Jacques Ellul. Les professionnels du droit doivent garder un esprit critique ; le droit n’est pas une certitude faite uniquement de mémoire et d’automatisation mais bien une construction humaine pétrie de créativité et d’imagination. Les juristes doivent garder une part de réflexion juridique que seul l’esprit humain est capable de produire.
2- Quelles réponses apporter face à ces enjeux technologiques ?
Matthieu Bourgeois : Pour autant, technologies et professionnels du droit ne doivent pas s’opposer. Pour ne pas les subir, il faut que ces derniers les comprennent et les maîtrisent. Pour cette raison, cabinets d’avocats et directions juridiques doivent s’équiper. Le choix des solutions ou logiciels est déterminant. Il doit être fait avec discernement et recul, pour répondre aux objectifs définis. Les bons outils ne doivent pas emprisonner les équipes dans un univers de contrainte ou une cadence infernale : ils doivent au contraire libérer, faire gagner du temps, ce qui peut impliquer d’en consacrer au moment de leur mise en place pour apprendre à les utiliser. Une fois cette phase d’appropriation passée, ils doivent permettre d’accéder aisément à une information pertinente, sans verser dans la suggestion permanente, au risque d’annihiler toute envie ou capacité de réflexion.

La Semaine Juridique – Entreprise et Affaires
L’hebdomadaire des juristes d’affaires.
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AUTEUR(S) : Julie Klein, Tristan Azzi,Martine Behar-Touchais, Florence Deboissy, Bruno Dondero, Antoine Gaudemet, Dominique Legeais, François-Xavier Lucas, Vincent Malassigné, Philippe Pétel, Christophe Roquilly, Christophe Seraglini, Frédéric Stasiak et Bernard Teys