EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE DU DROIT – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 37 – 7 SEPTEMBRE 2020
Gisèle Halimi, « Ne vous résignez jamais »

Gisèle Halimi, avocate et grande figure féministe, est décédée mardi 28 juillet. Nous lui rendons hommage avec ce portrait publié en 2009 dans nos colonnes. Génération de femmes en quête de libertés. En 1971, elle signe « le manifeste des 343 » où, aux côtés de 342 femmes, elle reconnaît avoir eu recours à l’avortement dont elle réclame la légalisation. Avec Simone de Beauvoir toujours, elle fonde le mouvement féministe Choisir.
Le débat national se
poursuit avec le procès de Bobigny qui juge une jeune fille de 16 ans, victime
de viol, « coupable » de son avortement. Grâce à la défense passionnée de Me
Halimi, elle sera acquittée. Un an plus tard, en 1975, l’IVG est légalisée en
France. Dès lors, consciente de pouvoir influer sur la loi, elle défend ses combats
dans l’arène politique. Députée sous Mitterrand, chargée d’études puis
ambassadrice de la France auprès de l’UNESCO, elle interviendra en faveur de
l’abolition de la peine de mort, du congé parental, du remboursement de l’IVG et
contre le recours aux mères porteuses. Déterminée dans ses prises de position,
Gisèle Halimi n’en était pas moins pondérée.
Son engagement féministe n’inhibera pas sa « curiosité » pour la maternité de même que son rôle de mère ne l’éloignera pas des prétoires et tribunaux. Éprise de liberté avant tout, elle refusait d’être assignée à un rôle : épouse, mère, féministe, avocate, écrivaine, politicienne. Elle n’était ni l’une ni l’autre mais toutes ces femmes à la fois. Ces dernières années, on l’a vue enquêter sur les crimes de guerre au Viêt-Nam, défendre le militant palestinien Marwan Barghouti détenu en Israël et proposer « la Clause de l’Européenne la plus favorisée », bouquet des lois européennes les plus avantageuses pour la femme. Contre le port du voile intégral, elle prônait « une approche graduée qui favorise le dialogue ». Progressiste, Gisèle Halimi se mobilisait sur tous les fronts, guidée par une seule ligne directrice : « ne jamais cesser de s’indigner ». Anaïs Coignac « Ne vous résignez jamais » insistait Gisèle Halimi dans un ouvrage publié en 2009. Cette même année elle était auditionnée par la mission parlementaire sur le port du voile intégral.
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck