EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE DU DROIT – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 45 – 2 NOVEMBRE 2020

Une seule École pour les acteurs de justice ? Denis Mazeaud

Les débuts d’Éric Dupond-Moretti au poste régalien de garde des Sceaux sont, c’est le moins qu’on puisse dire, plutôt agités, comme si, finalement, le poste de garde des Sceaux n’était pas compatible avec la profession d’avocat, puisqu’il n’est pas envisageable dépenser que la petite fronde dont il est l’objet tient surtout à sa couleur politique ou à sa très forte personnalité …En premier lieu, plusieurs conflits d’intérêts lui sont reprochés, dans l’affaire, dite, des fadettes.

En second lieu, le garde n’a pas, c’est le moins que l’on puisse dire, provoqué l’enchantement de la magistrature en nommant un avocat, précisément une avocate, à la tête de l’École Nationale de la Magistrature, laquelle est, depuis des lustres, dirigée par un magistrat. À dire vrai l’audace du Garde invite plutôt un autre type de réflexion. Aujourd’hui, comme chacun sait, la formation des avocats et des magistrats est assurée par deux écoles distinctes : l’École de Formation du Barreau à laquelle les futurs avocats accèdent à la suite d’un examen et l’école Nationale de la Magistrature qui suppose, pour y accéder, la réussite à un examen.

Serait-il inconcevable d’en finir avec ce duo d’écoles de formation professionnelle et de confier la formation de ces futurs professionnels du droit, tous acteurs de la justice, à une seule et même École que l’on pourrait nommer l’ENPJ, à savoir l’École Nationale des Professions Judiciaires ?Aujourd’hui, après tout, avant d’entrer dans deux Écoles distinctes, futurs avocats et magistrats suivent pendant environ 5 ans des études juridiques identiques à l’Université, que ce soit en droit privé ou en droit public et sont formés par les mêmes professeurs ;ils suivent souvent aussi, dans la perspective de leur concours ou de leur examen d’entrée dans l’une des Écoles précitées, les mêmes enseignements qui sont assurés par les Instituts d’études judicaires de leurs Universités. Alors pourquoi les séparer à leur entrée dans leurs Écoles ?

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