EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE DU DROIT – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 3 – 24 JANVIER 2022
La décision : Karine Tuil ne pouvait mieux nommer son dernier roman (Gallimard, déc. 2021), qui met en scène une juge d’instruction du pôle anti-terroriste confrontée aux difficultés de son métier et à une passion naissante pour un avocat intervenant dans les mêmes affaires. Si le droit, qu’elle a étudié dans nos facultés, nourrit l’ensemble de l’œuvre de la romancière, le juriste ne manquera pas d’être particulièrement intéressé par cette appréhension fictive mais remarquablement documentée du monde judiciaire. Les propos du patron du RAID qui tente de négocier sa reddition avec un terroriste venant de passer à l’acte montrent avec justesse la difficulté d’« humaniser » le dialogue – selon ses termes (p. 235) – afin de paraître tisser une relation de confiance conduisant à révéler l’ambivalence d’une personnalité et la violence, aveugle, presque naïve, qui peut l’habiter (p. 229 et s.). Plus encore, le lecteur juriste sera captivé par l’évocation du quotidien professionnel de l’héroïne laissant apparaître une vocation plus qu’un métier, qui l’absorbe et dévore sa vie familiale, participant à l’échec de son couple : « J’arrive à mon bureau à 8 h 30, je repars à 19 heures, en théorie car en réalité, le terro, c’est vingt-quatre heures sur vingt-quatre » .
LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GENERALE
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