EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE DU DROIT – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 13 – 4 AVRIL 2022
C’est une lame de fond que la Chancellerie n’a pas vu venir. Depuis novembre 2021, les magistrats dénoncent haut et fort leurs conditions de travail et le manque de moyens criant par des actions chocs dans les juridictions. Retour sur ce malaise vieux de plusieurs années.
Le 23 novembre 2021 fera date au sein de la magistrature et de la Justice. Ce jour-là 3 000 magistrats ont signé une tribune publiée dans Le Monde où ils expriment leur mal-être, la perte de sens de leur métier et le manque de moyens. Leur ras-lebol tout simplement. D’après ces signataires, rejoints par près de 6 000 autres professionnels depuis sa publication, il était temps d’exprimer publiquement ces maux, de lever le tabou de leur souffrance au travail. « Cette tribune est un cri du cœur des jeunes magistrats. Nous n’accepterons pas ce que nos ainés ont accepté sur nos conditions de travail. Ce n’est pas dans l’intérêt du justiciable », explique Cyril Jeanningros, magistrat au tribunal judiciaire de Créteil, représentant délégué de l’Union syndicale des magistrats (USM) et signataire de la tribune. Le métier de magistrat ne ferait-il plus rêver ? Il a en tout cas du plomb dans l’aile. Le tabou de la démission ou du changement de carrière après les 10 ans dus à l’État en échange de la formation est levé par les plus jeunes. « Dès les premiers jours en tant que magistrat, on se rend compte que ce que l’on nous a appris à l’École nationale de la magistrature (ENM) ne va pas pouvoir s’appliquer dans la réalité », regrette Cyril Jeanningros.
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