Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°1-2
LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS
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Charles Duchaine, héraut de l’anticorruption
Connu pour avoir mis en examen, parmi d’autres, le sénateur Jean-Noël Guérini à Marseille, celui qu’on appelle « le juge Duchaine », actuel directeur de l’AGRASC, a été nommé préfigurateur de la future Agence française anticorruption qui doit voir le jour en mars prochain (V. aussi JCP G 2017, prat. 36 ).
Il est une figure de l’institution judiciaire, un roc sur lequel se sont invariablement heurtés petits et gros poissons de la pègre, du grand banditisme et quelques loups de mer politiques. Un magistrat de la carrure d’un Pierre Michel, assassiné 9 ans avant qu’il n’obtienne son premier poste de juge d’instruction, à Aurillac, en 1990. Même humilité, même sens du devoir, même obstination. « Je suis quelqu’un d’entier », concède-t-il.
Le magistrat y a laissé des plumes, hospitalisé deux semaines début 2013 à la suite d’une méningite – burn-out disent certains, empoisonnement suggèrent ses gardes du corps de l’époque -. «J’ai des principes auxquels j’essaie de ne pas déroger qui sont l’honnêteté, la droiture, la loyauté » dit-il encore. Un portrait loin de l’image des magistrats « planqués » pointés par François Hollande dans ses confessions aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Mieux vaut ne pas aborder le sujet avec Charles Duchaine qui contient sa colère sous un silence diplomatique : « je préfère ne pas m’exprimer sur le sujet ». Au cours de sa carrière de juge d’instruction qui l’a mené à Monaco – expérience dont il a tiré un livre -, au pôle économique et financier de Bastia jusqu’à la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille où il a passé 10 ans, il aura notamment mené à son terme la première enquête pour blanchiment d’argent sur le Rocher et celle, emblématique, des marchés truqués des Bouches-du-Rhône impliquant le sénateur Jean-Noël Guérini et son frère. « Il ne faut pas attendre un soutien institutionnel lorsque vous avez des dossiers qui peuvent toucher certains intérêts », rétorque le magistrat lorsqu’on l’interroge sur l’isolement qu’il a parfois dénoncé.
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LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 1-2 – 9 JANVIER 2017
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck