Jérôme Gavaudan, futur porte-parole des Ordres

La Semaine Juridique Edition Générale n°17

LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

Jérôme Gavaudan, futur porte-parole des Ordres

Élu premier vice-président de la Conférence des bâtonniers le 27 janvier dernier, l’avocat marseillais Jérôme Gavaudan prendra ses fonctions de président en 2018.

Longue silhouette élancée, légèrement recourbée dans les locaux particulièrement exigus de la Conférence des bâtonniers, place Dauphine, une poignée de main franche et un sourire avenant. Né à Marseille il y a 52 ans, Jérôme Gavaudan est un méditerranéen pur jus. De la Cité phocéenne dont il fût bâtonnier (2011-2012), il parle avec fougue : 2 000 avocats formant un barreau dynamique « à l’image de la ville, Cité cosmopolite », reliés par « cette alchimie marseillaise qui fait qu’il y a une forme de vivre ensemble, transcendée par la profession qui nous unit ». Au sein de ce barreau de tradition pénaliste, Jérôme Gavaudan a choisi le droit du travail. Seul juriste de sa famille, il fait son droit à Aix-en-Provence et prête serment en 1990 avant d’ouvrir son cabinet en 1997. Il s’investit très tôt dans les instances représentatives, par tradition familiale, « on nous a éduqués pour prendre des responsabilités ». Membre du Conseil de l’Ordre à plusieurs reprises, ce fervent défenseur des Ordres est élu à la tête du barreau marseillais à 44 ans, l’année où Marseille est investie capitale européenne de la culture. L’occasion de « montrer notre savoir-faire ». Jérôme Gavaudan s’est également attaché à oeuvrer au développement des relations entre les barreaux du bassin Méditerranéen, de Marseille à Tanger. Membre de « Marseille Espérance », il croit au dialogue entre les communautés et soutient la laïcité républicaine. À un niveau plus local, ce sont les Ordres qu’il défend. Ces « agents locaux » au « rôle social » qui, dans une période de grande mutation pour la profession, où s’exprime un besoin de nouveaux services de droit, se placent aux côtés des avocats pour soutenir leur développement. Élus au suffrage direct, les bâtonniers ont une relation de proximité avec leur barreau. « Il n’y a pas de contradiction entre l’ordinalité et le développement d’une activité moderne ». Dans la mouvance actuelle, Marseille a lancé en mars son Incubateur pour encourager les avocats à innover, à lancer eux-mêmes leurs plateformes.
Jérôme Gavaudan n’a pourtant jamais été élu à la Conférence des bâtonniers. Grande première : il siège, depuis 2012, au Conseil national des barreaux. L’avocat voit dans son élection « un signal fort des bâtonniers », pour montrer que CNB et Conférence des bâtonniers « travaillent ensemble ». En 2018, ce sont ainsi 2 anciens membres du bureau du CNB qui deviendront respectivement bâtonnier du barreau de Paris (V. JCP G 2017, act. 131, portrait de M.-A.Peyron) et président de la Conférence des bâtonniers. Du jamais vu. De quoi apaiser les tensions ? Serpent de mer pour la profession, la question de la gouvernance était au coeur de la campagne de Jérôme Gavaudan. « Si la gouvernance fonctionne mieux, les avocats seront mieuxdéfendus » plaide celui qui entend s’investir au sein du CNB pour représenter les valeurs de l’ordinalité et des cabinets de Province. Tout en martelant « C’est au CNB que les choses doivent se dénouer, il n’y a qu’une instance nationale représentative de la profession. Mais on n’empêchera pas les avocats de s’exprimer par la voix des Ordres et des bâtonniers ». En cette période électorale, chacun est dans l’expectative. Seule certitude, pour peser davantage, les avocats devront unir leurs voix. La Conférence des bâtonniers s’est mise en ordre de bataille sous l’impulsion du président Yves Mahiu sur les sujets les plus sensibles : accès au droit et carte judiciaire. Sur le premier thème : 10 propositions votées en assemblée statutaire ont été envoyées à chacun des candidats. La Conférence a également créé une commission de travail pour anticiper les problématiques liées à d’éventuelles suppressions de juridictions. « Avec le numérique, on voit bien le risque de la disparition de la postulation. La question se pose de l’accompagnement des avocats qui gagnent ainsi leur vie ». Dans un style différent de celui de son prédécesseur, Jérôme Gavaudan a la force de conviction d’un futur porte-parole.

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LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N°17  – 24 AVRIL 2017

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

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