Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°27
LA SEMAINE DU PRATICIEN INFORMATIONS PROFESSIONNELLES
« Nous continuerons à combattre cette peur de la défense qui est ancestrale »
3 questions à Christian Saint-Palais, président de l’Association des avocats pénalistes (ADAP)
Christian Saint-Palais (V. supra 775, Portrait) a succédé à Corinne Dreyfus-Schmidt à la tête de l’Association des avocats pénalistes (ADAP). Pendant 3 ans, l’avocat portera la parole de ses confrères pénalistes autour des préoccupations de la profession, à commencer par la protection du secret professionnel ou l’accès des avocats au dossier dès la garde à vue.
Pourquoi vous être présenté à la présidence de l’ADAP ?L’ADAP, créée par Hervé Temime, est une association à laquelle je suis très attaché. L’association compte aujourd’hui 400 membres, avocats parisiens et de Province. En tant que provincial vivant à Paris, ma préoccupation est de donner envie aux avocats provinciaux d’adhérer en plus grand nombre.
Je me suis présenté à la présidence d’abord pour partager mon expérience. Les avocats pénalistes partagent une conception de l’État de droit dans laquelle la défense occupe une place particulière. Présents quotidiennement sur le terrain, nous connaissons parfaitement la justice pénale, ses échecs dont nous sommes capables d’analyser les causes, de même que les attentes des justiciables. En cela, nous avons une expertise très particulière qui doit enrichir et éclairer les réflexions publiques sur l’organisation de la justice pénale.
La défense ne doit plus être maltraitée. Mon vœu est de mobiliser les avocats pénalistes. Je pense avoir une capacité à fédérer.
Dans une société où les questions de sécurité sont centrales, la voix des avocats pénalistes est difficilement audible. Elle peut se faire entendre davantage. Mon ambition pour les 3 ans à venir est de porter au mieux les messages de l’ADAP notamment lors des auditions devant la commission des lois et à la Chancellerie.
Il est important que l’on recueille notre avis, mais encore faudrait-il que les décisions ne soient pas déjà prises avant notre audition.
Les avocats pénalistes doivent se rendre plus visibles. Il faut parfois recourir à des manifestations particulières pour montrer notre détermination, comme dernièrement à Rennes où 50 avocats, les plus reconnus comme les plus jeunes, se sont déplacés pour apporter leur soutien à une avocate, Christine Courrégé. Nous y avons défendu notre attachement aux droits de la défense, nous ne sommes pas dans une logique corporatiste.
L’ADAP doit rassembler et faire œuvre de pédagogie. Ainsi, faut-il continuer à expliquer que ce n’est pas parce que l’avocat reçoit le secret du justiciable qu’il est son complice. L’avocat n’a rien à gagner à titre personnel dans ces combats, il veut offrir au justiciable une défense totale, laquelle passe par le secret du contenu de leur relation.
Lire la suite de l’article
LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 27 – 4 JUILLET 2016