[Article] Barreau de Paris

Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°46

3 QUESTIONS A

AVOCATS

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« C’est un co-bâtonnat de rupture avec le passé et d’engagements pour l’avenir que nous souhaitons mener ». 3 questions à Elizabeth Oster et Elisabeth Cauly, avocates, membres du conseil de l’Ordre de Paris, anciennes membres du CNB

Les élections 2018 au bâtonnat du barreau de Paris se dérouleront les 29 novembre et le 1 er décembre 2016, suite à la modification du calendrier. Les élections, qui devaient se tenir initialement en juin 2017, ont été avancées. Le bâtonnier Frédéric Sicard a décidé de rétablir un dauphinat d’une année, prévu à compter du 1 er janvier 2017 pour une prise de fonctions le 1 er janvier 2018. La Semaine juridique, Édition générale donne la parole à chacun des candidats avant le scrutin. Cette semaine, Elizabeth Oster et Elisabeth Cauly, candidates au bâtonnat et au vice-bâtonnat, répondent à nos questions.

Pourquoi vous présentez-vous à cette élection ? Elizabeth Oster et Elisabeth Cauly : Notre candidature au bâtonnat de Paris s’appuie sur un constat partagé par de nombreux confrères : un Ordre est-il légitime, si celui-ci ne défend plus les intérêts majoritaires des avocats? L’Ordre est en effet absent et même en déphasage avec les évolutions récentes, comme l’extension du périmètre du droit
opéré au seul profit des experts comptables, via notamment les lois Macron (L. n° 2015-990, 6 août 2015 : JO 7 août 2015) et El Khomri (L. n° 2016-1088, 8 août 2016 : JO 9 août 2016). Il n’y a
eu aucune contrepartie pour la profession, qui est passée à côté de ce basculement majeur : le chiffre veut inféoder le droit, c’est une erreur historique qui risque d’impacter durablement la profession. Il est de la responsabilité du bâtonnier de Paris, vice-président de droit du Conseil national des barreaux (CNB) de porter ces combats. Notre co-bâtonnat sera donc en rupture avec le passé, sur les sujets majeurs de la profession : nos confrères attendent des décisions claires pour leur avenir. D’abord une exigence démocratique, que nous portons depuis longtemps : mettre fin à l’opacité de l’Ordre. Nous avons déjà obtenu un arrêt de la cour d’appel de Paris du 11 février 2016 ( CA Paris, 11 févr. 2016, RG n° 13/20146 : JurisData n° 2016- 006394 ), rendu à notre requête, qui a annulé les comptes de l’Ordre, en raison de leur opacité, ce qui est une décision historique. Nous poursuivrons bien sûr notre action en ce sens. Notre second impératif est de mettre l’Ordre au service de nos confrères, pour permettre à l’avocat tout en conservant son identité, et son indépendance de rester un acteur majeur de la société, et de l’exercice du droit. La conjoncture économique a en effet mis en exergue la crise majeure traversée actuellement par la profession : nombre d’avocats quittent actuellement le barreau de Paris. Nous avons ciblé des objectifs essentiels qui guideront notre action. D’abord et c’est un point fondamental, nous nous engageons à défendre le périmètre du droit et à mettre fin à l’« ubérisation » de l’avocat, qui est inadmissible. Nous ferons respecter la loi d’ordre public du 31 décembre 1971 réglementant l’exercice du droit qui est actuellement bafouée, comme en témoigne la prolifération de sites internet illégaux à vocation juridique. Nous souhaitons envoyer un message clair : pourquoi exiger de l’avocat qu’il ait un diplôme spécifique et s’astreigne à une déontologie, si parallèlement, on laisse n’importe qui pratiquer le droit ?

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LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 46 – 14 NOVEMBRE 2016

La semaine juridique édition générale, n° 46, 14 novembre 2016

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

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