La filiation pour tous, le défi d’Irène Théry

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 4 – 23 JANVIER 2017

 LA SEMAINE DU DROIT – LES ACTEURS

La « filiation pour tous », le défi d’Irène Théry

Intimement convaincue de la dimension centrale de la famille dans la course à la présidentielle, Irène Théry, directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), éclaire la métamorphose contemporaine de la parenté, dans le sillage d’une tourmente passée, le mariage pour tous.

Pour expliquer les changements, sans clivages a priori, ni boucs émissaires, cette sociologue n’a jamais cru à la thèse de l’explosion d’individualisme et d’égotisme souvent évoquée. Pour elle, le facteur majeur des mutations familiales est l’égalité des sexes. « C’est une révolution profonde qui bouleverse l’organisation des relations sociales et interroge les représentations de l’humain les plus ancrées ». Dans cette mise en abîme, son attention est centrée sur les nouveaux idéaux qui régissent les relations de parenté : couple, filiation, rapport frères-soeurs. Elle défend une « sociologie compréhensive » : « Le coeur du travail consiste à se défaire des « prénotions » qui nous empêchent d’apercevoir le réel tel qu’il est et de comprendre le changement.
Pour cela, le sociologue a deux armes : le microscope et le télescope. Le microscope, c’est la pratique de l’enquête
de terrain, pour aller au plus près de telle ou telle réalité et l’observer dans le détail.
Le télescope, c’est la comparaison anthropologique entre nos sociétés et des sociétés très éloignées des nôtres, pour mettre en perspective le présent afin de distinguer le principal de l’accessoire ».
Auditionnée par la garde des Sceaux en amont de la loi du 17 mai 2013, tout comme elle l’a été par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat, Irène Théry jongle aisément entre travaux de recherche et investigations tangibles.
Tantôt expert consulté, tantôt professeur invité, elle est nommée chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur en 1998, puis élevée au grade d’officier, en 2013. Son indépendance d’esprit et son sérieux sont récompensés, son effort de valorisation de la recherche distingué.
Aujourd’hui, c’est entre Paris et Marseille qu’elle déploie sa pédagogie. Native d’Aix en-Provence, elle emprunte au paysage provençal le goût des fresques historiques.

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

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