Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°45
ACTEUR & INFORMATIONS PROFESSIONNELLES
Statistiques criminelles : mythes et réalité
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Par Fabrice Raoult
«On ne connaîtra jamais la réalité criminelle ». De la part de Christophe Soullez, chef de l’Observatoire, l’affirmation pourrait surprendre. Et ce n’est faute ni d’outils statistiques, ni de données, ni de sources, tant ils foisonnent, mijotant dans un apparent embrouillamini fait de délinquance constatée, délinquance déclarée, « chiffre gris », « chiffre noir », délinquance ressentie, délinquance enregistrée, commise, réelle ou supposée, pas toujours mesurée sur le même périmètre d’infractions de surcroît et répondant aux acronymes de : SSMSI (Service statistique ministériel de la sécurité intérieure), SDSE (Sous-direction de la statistique et des études), SPACE (Statistiques pénales annuelles du Conseil de L’Europe), MCI (Main courante informatisée), Cartocrime.net, Data.gouv.fr, Interstats (ministère de l’Intérieur), etc… D’où la vocation de l’ONDRP né en 2004 du besoin de « démonter le mythe du chiffre unique de la délinquance pour sortir de la confusion », comme le réaffirme Stefan Lollivier, le successeur d’Alain Bauer à la présidence du conseil d’orientation de l’ONDRP, où il vient d’être reconduit pour 3 ans à la tête d’une équipe de 34 personnalités,
chercheurs, représentants des ministères de la Justice et de l’Intérieur. Une responsabilité à laquelle cet inspecteur général de l’INSEE, polytechnicien de formation, plus expérimenté en matière économique qu’en criminologie, n’était pas forcément destiné. Garant de l’indépendance de l’ONDRP, et bien conscient que la statistique criminelle est pourvoyeuse de chiffres particulièrement sensibles, il assume cette mission inattendue avec un extrême sérieux, lisant, critiquant, puis validant les milliers de pages de l’énormissime rapport annuel, prêt à recadrer qui
que ce soit, « fût-il ministre », qui s’aventurerait à assener des chiffres soit inexacts soit mal interprétés ! Pour Stefan Lollivier, la cause est entendue : seule cette étude « fait
référence » plaçant la France au meilleur niveau des pays qui étudient la délinquance ». Tout simplement.
3 questions à Christophe Soullez, chef du département de l’ONDRP au sein de l’Institut national des Hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et co-auteur de « La criminologie pour les nuls » (éd. First)
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Quelles sont les grandes évolutions observées en matière de statistiques criminelles ?
Christophe Soullez : Un premier constat est celui d’une stabilisation des cambriolages après une très importante hausse entre 2008 et 2012. On note également la persistance d’une hausse des vols violents sur les femmes. Il s’agit souvent de vols de bijoux qui sont par ailleurs les premiers objets volés lors de cambriolages. Une autre tendance saillante est au contraire la diminution des vols de véhicules terrestres amorcée depuis une dizaine d’années et qui se poursuit. On constate aussi une baisse sensible des vols à main armée contre les commerces ou les établissements bancaires et d’une manière générale une baisse des braquages, même si la part de ceux visant les particuliers a tendance à augmenter. Ensuite il existe une forte persistance des violences intrafamiliales puisque plus de 50 % des violences physiques sont commises au sein de la cellule familiale dans l’enquête CVS. Enfin cette même enquête menée auprès d’un échantillon de 17 000 personnes tirées au sort et âgées de 14 ans et plus, montre une petite hausse ces dernières années du « sentiment d’insécurité », oscillant entre 18 et 21 % des personnes interrogées.
LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 45 – 7 NOVEMBRE 2016
La Semaine Juridique – Édition Générale
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck