Cabinet Jacquin-Uzan, avocats solidaires

La Semaine Juridique Edition Générale n°18

LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

Cabinet Jacquin-Uzan, avocats solidaires

En février dernier, l’Incubateur du barreau de Paris, pour la 3 e édition  des Prix de l’Innovation, remettait aux associés Martine Jacquin et Nicolas Uzan un nouveau prix, celui du budget participatif, décerné à  deux projets de solidarité internationale, l’un au Cambodge, l’autre dans les camps de réfugiés grecs (V. JCP G 2017, prat. 160).

«Des avocat s à votre écoute ». Telle est la devise du cabinet fondé par Martine Jacquin et Nicolas Uzan. Associés depuis fin 2012, ils incarnent deux générations , deux pratiques professionnelles et une même vision du métier, de l’engagement. Ensemble, en février dernier, ils remportaient deux des trois prix du budget participatif décernés par l’Incubateur du barreau de Paris. Soit 38 600 € au total dans l’escarcelle de l’association Défense sans frontière – avocats solidaires (DSF-AS) répartis entre les deux missions. La première, au Cambodge, vise à informer les femmes et les enfants sur leurs droits, manifestement peu respectés. « Les infractions sexuelles et sexistes au sens large sont là-bas d’une ampleur que l’on n’imagine même pas ici », explique Martine Jacquin qui préside l’association. Le travail portera notamment sur « la traite des femmes, le viol des petites filles et les violences conjugales », précise-t-elle. L’équipe, avec le soutien du ministre de l’Éducation cambodgien, doit former des instituteurs qui pourront ensuite sensibiliser les habitants de la province choisie, celle « centrale » de Takeo, à défaut d’avoir les moyens d’étendre ce travail à tout le pays. Nicolas Uzan se rendra sur place en octobre prochain. « Ce sont des nouveaux programmes que nous n’aurions pas pu mettre en place sans ces prix du barreau de Paris », commente l’avocate, très touchée par ce soutien et cette « reconnaissance par les confrères ». L’association n’en est pas à sa première action au Cambodge. Depuis le début des procès contre le régime des khmers rouges en 2008, DSF-AS a monté un bureau de défense des parties civiles auprès des chambres extraordinaires. Une dizaine d’avocats de l’association dont Martine Jacquin a re-prêté serment devant la cour de Phnom-Penh, la capitale. Ils sont désormais habilités à plaider devant ces tribunaux nationaux dont le droit « est une copie du système européen », rappelle-t-elle. Avec un enjeu crucial actuellement, la reconnaissance juridique d’un génocide. « Le tribunal s’essouffle, déplore l’associée. On ne sait pas si les dossiers à l’instruction verront le jour ». Le second projet primé concerne les populations Yézidies réfugiées dans les camps grecs. « On parle peu du génocide des Yézidis mais les témoignages que nous avons recueillis sont très précis et concordants », assure Martine Jacquin qui s’est rendue dans les centres où ils ont été rassemblés, loin des grands camps grecs « car il y avait eu des heurts très violents avec les musulmans ». Habitants de Chinjar, dans le Kurdistan iraquien, ils ont été « attaqués par Daesh en août 2014 avec l’aide des populations musulmanes voisines », jusqu’ici amies. L’association ambitionne de recueillir le plus de témoignages afin de constituer un fonds utilisable lorsqu’un procès, un jour, s’ouvrira. Au cabinet parisien Jacquin-Uzan, ces activités de solidarité internationale pro bono font la force de l’association des deux (en réalité trois) avocats. « Cela ne nuit pas aux dossiers du cabinet, c’est du temps en plus que nous sommes heureux de consacrer car cela nous rappelle pourquoi nous avons choisi ce métier », plaide Martine Jacquin. Chacun y consacre « environ 50 heures par mois » en plus de ses activités généralistes : droit immobilier, droit familial pour cette dernière, droit social, pénal, permanences pénales pour Nicolas Uzan. Leur modèle économique : « nous fonctionnons à égalité sur les frais et la rémunération », expliquent-ils. Quand l’un voyage pour l’association, il peut compter sur la force de travail de l’autre. « Le plus difficile ce sont les recherches de financement, confie l’avocate. Mais on se divise les tâches au sein de l’association ». Une complémentarité en tous points.

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N°18  – 1er MAI 2017

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

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