[ÉDITO] (Dé)tresse du genre – Patrice Spinosi

EXTRAIT DE LA REVUE DE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N°49 – 12 DÉCEMBRE 2022

« Maîtresse, oh ma Maîtresse, ne touche pas à mes tresses », chantait prophétiquement, dès 1987, Mario Ramsamy avec le groupe Image. Certainement sans le savoir, le chanteur créole préfigurait le calvaire qu’allait subir 30 ans plus tard un steward d’Air France licencié pour avoir refusé de se séparer de ses attributs capillaires. Il faut dire qu’en matière de cheveux, le règlement intérieur de la compagnie tricolore n’incite guère à la fantaisie. Les coiffures des hommes sont « Limitées en volume, (elles) doivent garder un aspect naturel et homogène. La longueur est limitée dans la nuque au niveau du col de la chemise ». Il en va autrement pour les femmes puisque, les concernant, le même règlement précise que si « la queue de cheval n’est pas autorisée. Les tresses africaines le sont à condition d’être retenues en chignon ». Estimant cette différence injustifiée, l’employé a saisi la justice en faisant valoir l’existence d’une discrimination fondée sur le sexe. La compagnie aérienne pouvait se montrer confiante. Ses directives internes avaient été validées par la HALDE et la cour d’appel saisie du litige lui a donné raison en considérant que la distinction de coiffure entre un homme et une femme reposait sur les codes sociaux en usage.

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE

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AUTEURS : Gilles Cuniberti, Xavier Henry, Gilles Raoul-Cormeil, Patrice Spinosi, Pierre-Jérôme Delage, Pierre-Philippe Boutron-Marmion, Bertrand Warusfel, Yves-Marie Serinet avec Paul Grosser, Grégoire Loiseau et Georges Virassamy