Extrait de LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 37 – 11 SEPTEMBRE 2017
LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS
Elisabeth Pelsez, l’aide aux victimes
Magistrate de carrière, Elisabeth Pelsez a été désignée déléguée interministérielle à l’Aide aux victimes. Placée sous l’autorité de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, elle officie avec une équipe pluridisciplinaire et interministérielle. «Ma détermination est totale », assure Elisabeth Pelsez désignée en juillet déléguée interministérielle à l’Aide aux victimes. Un poste qui existait auparavant sous la forme d’un secrétariat d’État créé après les attentats de 2015. Les associations s’étaient inquiétées durant l’été de la disparition de celui-ci et regrettaient sa réorganisation.
« L’essentiel est qu’il y ait un interlocuteur bien identifié pour les victimes qui travaille avec les autres ministères. Je m’appuierai sur un réseau de référents ministériels », précise-t-elle. En l’occurrence, huit personnes représentant le ministère de la Justice, de l’Intérieur, de l’Économie, des Affaires étrangères, de la Santé répondront aux problématiques posées par la prise en charge des victimes dans toutes ses composantes.
Les attentats de Barcelone et sa région des 17 et 18 août dernier ont mis la déléguée à l’épreuve au moment même de son installation, de nombreuses victimes françaises ayant été touchées. « La réactivité de l’État a été exemplaire », tient elle à déclarer. Après la prise en charge immédiate et coordonnée des victimes, Elisabeth Pelsez a prévu d’organiser un comité interministériel de suivi de celles ci.
La haute fonctionnaire tient d’ailleurs à insister sur le fait que sa mission concerne « l’ensemble des victimes », à savoir « celles qui ont souffert des attentats mais aussi des catastrophes naturelles, des sinistres sériels, des accidents collectifs et plus généralement des infractions pénales ». D’où l’importance des partenariats avec les associations d’aide aux victimes comme le souhaite la magistrate de carrière. Cette dernière compte simplifier le parcours des victimes, éviter que la multiplicité des interventions ajoute à la souffrance subie. Elle pointe « deux étapes fondamentales ». La première intervient après le choc et consiste en une prise en charge des victimes sur le plan sanitaire. La seconde est celle qui mène à la reconstruction. Elle passe notamment par « une reconversion sociale des victimes qui rencontrent des difficultés pour retrouver un emploi ou se réinsérer professionnellement ».
Par ailleurs, la déléguée interministérielle envisage de « favoriser la recherche scientifique sur les victimes d’attentats et d’encourager la création d’un
centre de résilience et de ressources ». Un projet initié par son prédécesseur, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel et porté par Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS attentats. L’idée est de créer une structure capable de recenser l’état des savoirs sur la prise en charge des traumatismes psychologiques en particulier induits par des actes de terrorisme, afin d’approfondir la recherche et de faciliter la reconstruction
des victimes. Un autre chantier important de ce mandat concernera leur indemnisation, la prise en compte de leurs droits, et la place qui leur est accordée dans la mémoire collective. « Il sera pour moi essentiel de veiller à ce que les projets soient déclinés localement avec l’ensemble des acteurs impliqués dans les dispositifs progressivement mis en place », déclare Elisabeth Pelsez.
Originaire du Languedoc, la déléguée à l’Aide aux victimes a commencé voilà 30 ans comme juge d’instruction. Un temps magistrat de liaison aux Pays-Bas puis en Grande-Bretagne, elle assure que la construction européenne est l’un de ses engagements majeurs : « j’ai consacré de nombreuses années à favoriser cet esprit de solidarité entre les États européens pour dépasser les pesanteurs bureaucratiques ». Également directrice de l’Agence
de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confi squés (AGRASC) à sa création en 2011, elle a vécu l’interministérialité de son équipe « comme une force d’action évidente ». Autant d’expériences de la coopération qui, elle l’espère, favoriseront l’esprit « fédérateur » des partenaires en présence pour ce nouveau mandat. Téléchargez l’article au format PDF
Anaïs Coignac
LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck