Enjeux des nouvelles missions de conseil pour les experts-comptables

Extrait de la Revue D.O Actualité N° 35

 

Interview

Entretien croisé

Laurent Benoudiz, président de l’Ordre des experts-comptables, Paris Ile-de-France
Serge Anouchian, président du Club Patrimoine, de l’Ordre des experts-comptables, Paris Ile-de-France

Le 72e congrès de l’Ordre organisé à Lille du 27 au 29 septembre prochain a notamment pour objectif d’amener les experts-comptables vers des missions de conseil à forte valeur ajoutée.
La revue D.O Actualité interroge Laurent Benoudiz et Serge Anouchian sur les enjeux de ces nouvelles missions et plus particulièrement les prestations de gestion de patrimoine.

1. D.O Actualité – Dans un contexte de fortes évolutions technologiques – on parle de « digitalisation de l’économie » –, quels sont, selon vous, les risques pour la profession ? Quelles opportunités l’expert-comptable doit-il saisir pour maintenir et développer son chiffre d’affaires ?

2. Serge Anouchian – Sans vouloir commencer par des banalités, je vois plus dans la digitalisation de l’économie des opportunités que des risques !
Que des techniques permettent à l’homme de s’affranchir d’opérations répétitives, banales et sans valeur ajoutée ne peut qu’augmenter à mes yeux, et en tous les cas pour l’expert-comptable, son « aura » de spécialiste de l’entreprise et du dirigeant. En ce qui me concerne, le seul vrai risque de la profession, mais celui-là est très important, consisterait à confondre digitalisation avec absence de tout contact humain. Je crois même que l’avenir appartiendra au professionnel du conseil qui, affranchi de toutes les contingences matérielles, calculatoires et documentaires, saura remettre la
relation client au coeur de ses propositions et de ses missions.
Il fut un temps où l’on prétendait que « l’avenir appartient à ceux qui détiennent l’information » ; il me semble que ce temps est révolu et que, de façon irréversible, « l’avenir appartient à ceux qui utilisent l’information ».
C’est là un paradoxe que l’expert-comptable devra franchir pour devenir, selon une formule à la mode, de moins en moins comptable et de plus en plus expert !

3. Laurent Benoudiz – Le plus grand risque serait de ne pas adapter le cabinet à la révolution que va engendrer le numérique dans notre pratique. À l’heure actuelle, la production et la révision comptable représentent encore près de 70 % de notre chiffre d’affaires. Le traitement 100 % automatisé d’une comptabilité, grâce au développement de l’intelligence artificielle et du big data, devrait pouvoir à terme permettre de réaliser une grande partie du travail du cabinet de manière plus efficace, plus pertinente et pour un coût marginal nul. Nous avons donc encore quelques années pour mettre en place la transformation indispensable qui fera passer nos cabinets d’une logique de production à une logique d’accompagnement puis de conseil. Bien plus que technologique, l’enjeu prioritaire est managérial et comportemental !

4. D.O Actualité – L’expert-comptable est reconnu comme premier conseiller des chefs d’entreprises. Cette position peut l’amener tout naturellement à être perçu comme le « chef d’orchestre » de la gestion de patrimoine. Le recours à l’interprofessionnalité n’est-il pas l’une des principales conditions de réussite de cette mission ?

5. Serge Anouchian – Le terme de chef d’orchestre me paraît être une image assez réussie. Malgré tout son génie, même Herbert Von Karajan ne pouvait interpréter à lui tout seul la 9e symphonie de Beethoven ! Tout le monde connaît les 7 notes de musique mais un nombre limité de personnes peuvent engendrer des chansons, des symphonies ou des opéras !
J’insiste sur le fait que l’expert-comptable devra devenir de plus en plus le généraliste spécialisé de l’entreprise et de son dirigeant. Devra-t-il devenir omniscient et posséder toutes les sciences, les astuces, les arcanes et les pièges de matières aussi différentes que la comptabilité, la fiscalité, le social, le juridique, le matrimonial et le financier ? Certes non ! Le recours à l’interprofessionnalité est et restera un passage obligé, avec cependant de multiples formes, les sociétés d’exercice pluridisciplinaire en sont un bon exemple. D’autres formes sont à développer par le cabinet d’expertise comptable, que rien ni personne n’oblige à ne recruter que des comptables !

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D.O Actualité N° 35 – 2017 ©LexisNexis SA

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