EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 27 – 8 JUILLET 2019
In memoriam
Jacques Moreau (1931-2019)
La communauté des administrativistes est en deuil : le professeur Jacques Moreau s’est éteint le 24 juin 2019. En réalité, c’est toute la communauté des juristes universitaires, au sens entier du terme, qui a perdu un maître, un produit des facultés de droit du XX e siècle.
Jacques Moreau fut bien entendu professeur. Étudiant à Rennes, où il soutint en 1956 sa thèse consacrée à L’influence de la situation et du comportement de la victime sur la responsabilité administrative, agrégé en 1958, il fut professeur à la Faculté de droit de Rennes jusqu’en 1983, puis à l’Université Paris II jusqu’à 2001. Durant toutes ces années, il s’intéressa à tous les aspects de la formation des juristes, celle des universitaires (il dirigea le DEA de droit public interne de Paris II et présida le concours d’agrégation en 1988) comme celle des administrateurs (il participa à l’aventure des IPAG, dans les années 1960, puis dirigea celui de Paris II).
Jacques Moreau fut aussi un représentant exemplaire de la doctrine, comme en témoignent ses importants articles sur tous les aspects du droit administratif (responsabilité, police, actes, etc.), d’innombrables notes de jurisprudence, et quelques ouvrages de référence, comme son Que sais-je ? sur la responsabilité administrative ou son Manuel de droit administratif publié en 1989. Mais il s’intéressa aussi à des branches plus spécialisées comme celle des collectivités territoriales (il fut un témoin privilégié, dans les années 1980, de la décentralisation) ou celle de la santé publique. Cette activité d’écriture fut intense et constante, jusqu’à ces derniers mois. Mais un universitaire, ce n’est pas seulement un enseignant et un auteur. Ce peut être aussi un éditeur : Jacques Moreau en est une illustration exemplaire. Il fut un acteur central des Éditions du Juris-Classeur, devenues LexisNexis. Il y dirigea une collection, le JurisClasseur Collectivités territoriales, une revue ( Collectivités territoriales-Intercommunalités ), et assura chez Litec la publication du Code général des collectivités territoriales. Mais son plus grand exploit fut de participer en 2002 au lancement d’une nouvelle revue généraliste, La Semaine juridique, Administrations et collectivités territoriales (JCP A) , dont il fut le directeur, et qui présenta en son temps la singularité d’être le premier hebdomadaire du droit administratif. Avant cette création, il collabora longuement à La Semaine juridique, Édition générale (JCP G). À titre personnel, je lui dois d’avoir à l’époque soufflé mon nom à son ami Jacques Béguin pour me confier la chronique de droit administratif. Il se souvenait de moi, ayant été son étudiant en DEA,
puis ayant suivi mes premiers pas dans la carrière universitaire.
À l’image de sa participation encore toute récente aux recueils de Mélanges en l’honneur de collègues plus jeunes, il suivait avec attention le parcours universitaire des nouvelles générations. Nous sommes nombreux à l’avoir vu assister régulièrement aux colloques de l’Association française pour la recherche en droit administratif (AFDA). De nombreux étudiants, de jeunes docteurs devenus aujourd’hui collègues, auront eu ainsi la chance de côtoyer un homme élégant et pudique, de voir et d’entendre un maître.
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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck