DOSSIER. – La smart city
Le citoyen, un « conso-acteur » responsable
Quelles que soient les innovations urbaines pionnières en Europe, toutes forgent la transition urbaine, et son intelligence collective, sur une gouvernance participative. Selon François Richard, « les villes doivent sensibiliser les citoyens à l’empreinte environnementale et au développement durable ». Ainsi, par une éducation au numérique, nous confie-t-il, « le consommateur devient conso-acteur et la ville vivante ». Car l’un des aspects de la smart city est la connectivité des citoyens. Pour Carlos Moreno, professeur des universités, et auteur de l’ouvrage Smart city : essai de définition, « l’intelligence urbaine naît de la capacité du citoyen à avoir une intelligence sociale. Il ne peut donc y avoir de ville intelligente sans intelligence citoyenne ». À l’échelle mondiale, le spécialiste nie la réalité technologique de la smart city et lui préfère la démocratie de proximité des smart cities humaines.
Une convergence entre le social et le numérique, indispensable à la dynamique de cette réinvention urbaine pluridisciplinaire. Et ce, au même titre que la gouvernance collaborative attendue entre les acteurs de ces projets d’innovation.
Décloisonner les métiers
Une ville intelligente suppose d’être orchestrée par une communauté intelligente. Au cœur de cette co-construction, un triptyque d’acteurs. Collectivités, entreprises privées et usagers animent, tant par leur différence que leur complémentarité, l’innovation urbaine. Si tous s’intéressent aux opportunités économiques de la digitalisation, ils défendent des positions de valeurs singulières. Les citoyens expriment des souhaits, les politiques publiques les traduisent pour définir les contours de la stratégie ; quant aux partenaires privés, ils en dirigent l’application au quotidien. Donc, en définitive, « pour rechercher une optimisation globale du système », François Richard nous rappelle un paramètre. « Une vision systémique de la ville suppose une réorganisation des métiers et un réajustement des business models pour ajouter, aux produits tangibles de consommation, une offre de services performante ». Il précise que « cette économie des fonctionnalités encourage la coordination des secteurs, grâce aux échanges de données de la ville intelligente ».
Des investissements encore frileux
En termes de productivité, l’économie circulaire pose la question des opportunités business de la smart city. Si certaines entreprises privées ont investi dans des pilotes innovants pour une ville connectée, d’autres n’ont pas souhaité privilégier ces activités intelligentes au détriment d’autres spécialités. Un choix assumé par la direction d’Orange, malgré la création, il y trois ans, d’un programme stratégique voué à la transformation digitale. Un dilemme, également posé aux collectivités publiques, à l’origine d’une insuffisance de subventions versées aux villes entreprenantes. Seule la Commission européenne pilote un plan de relance d’un montant de 300 milliards d’euros, lequel consacre une enveloppe aux Smart cities & communities.
Dans le domaine juridique, la ville intelligente n’est pas sans poser de nouvelles problématiques.
Article rédigé par Alice Philippot et Angélique Azzi.
Sources : François Richard, Directeur Partenariat et Réglementation, Smart Cities & Territories, Orange, et Jean-Bernard Auby, Professeur de droit public à Sciences Po, Directeur de la Chaire « Mutations de l’Action Publique et du Droit Public ».