EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 25 – 24 JUIN 2019
LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS
Jean-Marie Delarue, les droits de l’homme au coeur
Ancien Contrôleur général des lieux de privations de liberté, Jean-Marie Delarue préside la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) depuis le 11 avril. Son ambition : remettre les droits de l’homme au coeur des débats

Si Jean-Marie Delarue a accepté de prendre la tête de la CNCDH, c’est d’abord parce qu’il est inquiet : les libertés, dit-il, sont en péril. « Globalement, les droits de l’homme sont en régression : le droit d’expression, la liberté de conscience, la liberté de manifester sont en difficulté dans bon nombre de pays, y compris dans une certaine mesure en France ». Dans l’équilibre à tenir entre liberté et sécurité « une place toujours plus importante a été faite à la sécurité, une notion que l’on ne définit jamais et qui est comme un horizon qui se dérobe sans cesse » alerte-t-il.
À ces préoccupations s’ajoute le contexte de crise sociale dont s’émeut le nouveau président de la CNCDH. « Le mouvement des gilets jaunes doit amener une réflexion sur notre état démocratique : ce peuple que l’on avait oublié ne se sent plus représenté. Il y a eu le miracle des ronds-points où les gens ont rompu la solitude, mais le mouvement ne s’est pas organisé. Le sort de ces personnes et de leurs combats m’attriste ». Agrégé d’histoire, normalien, énarque, Jean- Marie Delarue a fait toute sa carrière comme conseiller d’État (1979-2001) avec des détachements en administration centrale, notamment à la direction des libertés publiques au ministère de l’Intérieur (1997-2001), puis comme Contrôleur général des lieux de privation de liberté (2008-2014) où il s’est fait connaître du grand public. « J’ai essayé de caler mes missions sur mes convictions, de rester au contact de gens qui ne sont pas considérés, les uns parce qu’ils sont en bas de l’échelle sociale, les autres parce qu’ils sont détenus ». L’ancien contrôleur des prisons a su incarner la fonction et défend son bilan : « Les choses avancent sous réserve que l’état général des établissements n’empire pas. Il importe que les institutions de l’État soient placées sous un regard extérieur lorsque potentiellement elles mettent en danger la dignité de la personne ».

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck