EXTRAIT DE LA REVUE LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 6 – 11 FÉVRIER 2019
LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS
Valence Borgia, l’égalité pour tous

Désignée secrétaire du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris pour un an, Valence Borgia, counsel au sein du cabinet K&L Gates, spécialisée en arbitrage international, porte haut ses convictions sur l’égalité dans la profession.
«Une année douce pour les personnes et dure sur les idées ». Tel est le voeu formulé par la nouvelle secrétaire de l’Ordre à ses 42 membres. Un Conseil « loin des lithographies à la Daumier » figurant des hommes grisonnants en train de bailler, mais « paritaire avec une moyenne d’âge plutôt jeune ». Membre du Conseil depuis 2018, ex présidente de l’UJA, la pétillante Valence Borgia occupe le terrain institutionnel pour défendre l’égalité. « Je ne sais pas comment est né mon féminisme. À l’usage, j’ai constaté qu’il y avait un gros problème d’égalité dans la profession qui n’était pas traité. Je vivais sur ce mythe de l’université méritocratique, mais il suffisait de regarder autour de soi : des femmes associées, il n’y en avait pas ».
2018 est en cela une « année incroyable », avec deux femmes élues, à la tête du barreau de Paris et du CNB. Dans un milieu « marqué par des années de machisme », les choses évoluent, même si tout n’est pas rose, à commencer par les écarts de rémunération. Valence Borgia s’emploie à faire bouger les lignes. « Comme arbitre, je suis une anomalie statistique : environ 17 % des arbitres seulement sont des femmes et 8 % ont moins de 40 ans ». Auteure en 2012 d’un rapport sur l’égalité, elle prône la protection des avocats – mère comme père – au moment de la parentalité, parle stéréotypes et sexisme. « Ma conception, c’est l’égalité bénéfique pour tous. Avec le mouvement #metoo, c’est devenu une parole que l’on peut porter », constate-t-elle.
Plutôt préservée dans son parcours, l’avocate, mère de 3 enfants, cultive liberté de ton et pragmatisme. « Dans ma famille, on encourageait les grandes écoles, mais pour moi l’université était synonyme de liberté ». Collège Henri IV, lycée Montaigne, la Sorbonne, un Master 2 à Rome pour ses origines italiennes, puis le barreau de New York où elle choisit l’arbitrage international mais aussi la médiation et le module : « Gender and the law ». De retour à l’EFB, en stage chez Eversheds, elle rencontre Louis Degos. « Je venais d’apprendre que j’étais enceinte, mais il m’a embauchée ». « Depuis, commente l’avocat, managing partner chez K&L Gates, nous avons toujours travaillé ensemble et avons la chance de nous
comprendre très rapidement et d’avoir les mêmes réflexes. Clairement nous nous apportons l’un(e) envers l’autre dans notre travail et dans la vision que nous avons de notre profession ». Valence Borgia participe à sa campagne pour le Conseil de l’Ordre et s’ouvre de nouveaux horizons. « J’étais alors l’archétype de la collab d’affaires, loin du Palais ». L’avocate s’engage. À l’UJA, à l’Ordre, au Laboratoire de l’égalité, à la Fondation des femmes. Pendant l’affaire Weinstein, elle a cette prise de conscience : chez les avocats aussi, c’est l’omerta. Un billet qu’elle publie sur Facebook fait le tour de la toile. Membre active de SOS collaborateurs à l’UJA, elle devient « référent collaboration » au barreau. « Il faut sensibiliser, former et sanctionner. En 2018, a été prononcée la première sanction disciplinaire pour harcèlement sexuel à 6 mois de suspension d’exercice avec sursis et publicité de la décision »…

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck