Prise de fonctions express à la DACG pour Stéphane Hardouin

Prise de fonctions express à la DACG pour Stéphane Hardouin

Nommé le 1 er juillet 2016, l’ex-procureur de Compiègne Stéphane Hardouin pilote désormais la sous-direction de la justice pénale spécialisée, avec une feuille de route plutôt chargée.

Le Journal Officiel annonçant sa nomination est tout juste publié et la peinture de son bureau encore fraîche, lorsque le téléphone du nouveau sous-directeur de la justice pénale spécialisée retentit ce jeudi-là vers 23h30. Quittant aussitôt son domicile pour la place Vendôme, il ignore que s’ensuivront plusieurs nuits blanches ; nous sommes le 14 juillet 2016… Il n’aura eu qu’une semaine pour rencontrer son équipe de 20 magistrats et 15 fonctionnaires, avant de se trouver engagé au coeur de la cellule de crise réunie place Beauvau suite à l’attentat de Nice. Il faudra alors mobiliser dans l’urgence toute la capacité de remontée d’informations et d’expertise du service, faire le lien avec les parquets généraux mais aussi au niveau interministériel.
Tout semble toujours aller très vite avec Stéphane Hardouin, à l’image de sa carrière – déjà riche pour ses 44 ans -, faite d’alternance entre parquet et administration centrale, et d’une grande variété de missions. Substitut à Pontoise, il intègre rapidement le bureau de la prévention puis celui de l’entraide pénale internationale à la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), deviendra substitut du procureur de la République de Paris, puis vice-procureur à la section financière du parquet de Paris avant d’être nommé directeur du projet Cassiopée à la Direction des services judiciaires, puis directeur de l’École nationale des greffes, où il met en oeuvre la réforme de la formation.
Jusqu’à son dernier poste de procureur à Compiègne qui, un peu étonnamment, le confronte à une réelle délinquance structurelle autour du grand banditisme et du trafic d’héroïne. De quoi donner le tournis !
Son moteur ? La notion de mission, « l’objectif ». Son carburant ? L’action et le travail collectif. D’où une proximité naturelle en tant que procureur avec la DACG : « Ici, c’est comme un grand parquet, on fonctionne en mode collectif avec un esprit d’équipe. Le travail se fait beaucoup en interbureaux des différentes sous-directions, notamment sur les sujets transversaux comme le terrorisme ». C’est le cas par exemple lorsque la sous-direction contribue avec la sous-direction de la législation à l’élaboration de la loi du 21 juillet 2016 prorogeant l’état d’urgence. Un mode de fonctionnement qu’il met aussi en oeuvre en tant que manager.
Magistrat moderne et connecté (nul papier dans l’agréable bureau qui surplombe les jardins du ministère), Stéphane Hardouin pratique avec aisance et naturel un « management de couloir », porte ouverte et d’un bureau l’autre, il favorise le dialogue permanent, à la recherche du « point d’équilibre entre autorité verticale et horizontale ». Devenu magistrat non par bravade à l’égard de son bâtonnier de père, mais peut-être tout de même « pour ne pas mettre exactement les pas dans les siens », il se serait volontiers consacré au journalisme ou à l’université, lui qui un temps fut chargé de travaux dirigés à Paris 2. Mais la force de l’atavisme triomphera puisqu’il reconnaît y avoir un modèle familial à l’origine de son envie d’évoluer dans un milieu judiciaire, outre l’influence des procès d’assises auxquels il assistait dans sa jeunesse passée en Bretagne. La famille n’est-elle pas ce qui compte le plus pour lui, juste avant sa passion pour les antiquités et son amour voué à la Méditerranée ? Dans ses nouvelles responsabilités, son tonus et son attrait pour la diversité des sujets trouveront assurément à s’épanouir face aux nombreuses priorités relevant de la sous-direction : antiterrorisme et prévention de la radicalisation violente, cybercriminalité, corruption, blanchiment et saisie des avoirs, travail clandestin, fraude aux organismes sociaux, droit pénal de l’environnement… Sans oublier l’entraide pénale internationale avec l’objectif d’étendre le recours des parquets, encore trop timide, au mandat d’arrêt européen.
Fabrice Raoult

 LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N° 38 – 19 SEPTEMBRE 2016

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