Prospective, innovation, prédiction, à quoi ces notions renvoient-elles et comment les avocats doivent-ils s’en emparer ?

Extrait de la Revue : La Semaine Juridique Edition Générale n°13

LA SEMAINE DU PRATICIEN INFORMATIONS PROFESSIONNELLES

 « Les avocats, à la fois pour eux-mêmes, pour leur cabinet, pour la profession,
(…) ne peuvent pas se passer de prospective »

3 questions à Louis Degos, avocat associé gérant KL Gates LLP, président de la  commission Prospective du CNB, directeur de la Revue pratique de la prospective et  de l’innovation

À l’occasion de la 2 e édition des États généraux de la prospective et de l’innovation, le 30 mars, est lancé le 2e numéro  de la Revue pratique de la prospective et de l’innovation. Alors que les professionnels du droit sont bousculés dans leurs pratiques, cette revue semestrielle, née sous l’impulsion de Louis Degos, fruit d’un partenariat avec LexisNexis, a pour ambition de donner aux juristes des clés pour l’avenir. Retour sur les enjeux de cette révolution.

Prospective, innovation, prédiction, à quoi ces notions  renvoient-elles et comment  les avocats doivent-ils s’en emparer ?
Toutes ces notions renvoient bien sûr au futur de la profession, avec toutefois des nuances. La prospective n’est pas la science de la
prédiction ou de la divination… Heureusement ! Le futur serait tellement triste si nous le connaissions.II s’agit plutôt d’éclairer devant nous le chemin qui présente plusieurs routes (ou scénarios), qui se construisent au fur et à mesure, en essayant de détacher nos yeux du rétroviseur du passé. C’est donc tout autant un moyen de préparation de projet dans l’avenir, qu’une méthode pour influencer le présent. Les avocats, à la fois pour eux-mêmes, pour leur cabinet, pour la profession, mais aussi pour le rôle sociétal plus vaste qu’ils jouent dans un état de droit, ne peuvent pas se passer de prospective. Sans prospective, les avocats subissent les changements de la société, par impréparation ils s’accrochent au statu quo, ils risquent de ne plus comprendre ce qui se passe, et pire, ils risquent de ne plus être compris. La prospective est pourtant encore le parent pauvre de nos instances professionnelles, avec très peu, voire pas du tout, de moyen…
Quant à l’innovation, c’est ce qui permet d’être « au plus présent du présent », connaître ce qu’il vient d’arriver et donc ce qu’il vient de changer. L’innovation, qu’elle soit de rupture ou incrémentale, n’est par définition pas encore entrée dans les moeurs, parfois est-elle même rejetée ou destinée à périr. L’innovation constitue en prospective un « signal faible ». Pour les avocats, s’intéresser à l’innovation, pas seulement technologique, mais aussi économique, managériale, sociétale,… c’est d’une part nécessaire pour conduire une réflexion prospective, c’est tout aussi essentiel pour réussir et influencer dans le présent

Intelligence artificielle, montée en puissance des legal start-up : comment l’avocat doit-il se positionner dans ce nouveau marché ?
L’avocat y a toute sa place et il doit absolument combattre la tentation de s’y désintéresser ou de répondre à côté. Le juridisme pour dresser des barrières anticoncurrentielles n’est pas un positionnement de marché : c’est une négation du marché, ce qui est une autre question. Je crois que les legaltechs (qui ne sont
plus start-up, vu les mastodontes américains et leurs stratégies expansionnistes) ne remplacent pas et ne remplaceront pas les avocats. Les legaltechs viennent récupérer deux pans de marché : celui que les avocats ont toujours délaissé, car impossible à rentabiliser, et celui que les clients ne veulent plus confier aux avocats car autrement mieux rentabilisable. Soit il s’agit de dossiers trop petits pour supporter l’intervention d’un tiers professionnel, le justiciable fait donc lui-même ses démarches et gère son dossier comme il le peut. Il est aujourd’hui plus aidé par la technologie et donc par les legaltechs.
Soit il s’agit d’un travail de routine qui, hier, pouvait être fourni par le cabinet d’avocat mais sans réelle plus-value, à faible prix et très petite marge, et qui aujourd’hui a été mécanisé et automatisé grâce à l’intelligence artificielle et aux legaltechs. (…)

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LexisNexis revue la semaine juridique édition générale

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N°13  – 27 MARS 2017

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AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

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