Smart territoires : y a-t-il quelque chose à gagner ?

EXTRAIT DE LA REVUE DU GESTIONNAIRE PUBLIC(trimestriel, 4N°/an)

Smart territoires : y a-t-il quelque chose à gagner ?

Gaële Bacque consultante secteur public, Wavestone

Marie-Joëlle Thénoz associée Wavestone, secteur public

En quelques années, la puissance du numérique et des données est désormais perçue comme un levier d’accélération de la simplification mais également un levier d’innovation ou encore un levier de refonte de l’action publique. Le concept d’État Plateforme est en train de conquérir les collectivités qui se dotent d’infrastructures numériques de services après des années d’investissements dans les réseaux THD. L’objectif de cet article est de montrer ce qu’est un smart territoire ou territoire intelligent, quels types de territoires est concerné, quels en sont les enjeux stratégiques et opérationnels mais aussi les prérequis et les chantiers à mener. Il s’appuie sur la conviction forte que chaque territoire doit créer l’identité de son smart territoire et que la taille n’est pas une barrière.

Introduction

Développé en 2011 par l’entrepreneur et essayiste américain Tim O’Reilly dans son article « Government as a plateform », la notion d’État plateforme positionne la puissance publique comme une place de marché ou un « bazar », lieu d’interactions où la communauté elle-même échange biens et services à partir de ressources fournies par l’État et participe à la production des services publics. L’auteur considère que les nouvelles technologies permettent aujourd’hui à l’État de devenir ce type de structure participative et de concurrencer les grandes plateformes privées actuelles. Défendant les idéaux de la communauté « open source »4, il énumère ainsi sept grands principes de l’État plateforme en tirant les leçons des succès et échecs des plateformes privées existantes :

  1. Utiliser des formats ouverts afin d’encourager l’innovation et la croissance
  2. Construire un système relativement simple qui pourra évoluer par la suite
  3. Construire un système permettant la participation de tous les acteurs
  4. Apprendre de ses « hackers » pour faire progresser le système
  5. Encourager la participation et la création de valeur par l’ouverture des données et le data mining
  6. Favoriser l’expérimentation dans la construction des projets numériques de l’État
  7. Donner l’exemple en développant de nouvelles approches Tim O’Reilly prône ainsi une vision véritablement révolutionnaire de l’État à l’heure du numérique, fondée sur l’ouverture, la participation et l’expérimentation.

Sous l’impulsion des grands groupes privés puis de start-ups mais aussi de l’UE, de nombreuses expérimentations se sont développées depuis 10 à 15 ans de façon très atomisée sans réel effet visible et décisif. Parallèlement, le développement des villes « connectées » dans le monde (par ex., Singapour, San Diego et Denver), en Europe (par ex., Amsterdam, Stockholm, Barcelone, Bristol, Copenhague, Liège) et en France (par ex., la région Ile de France, les villes et métropoles de Paris, Lyon, Nantes, Toulouse, ou encore Dijon et Angers qui ont pris l’option d’un passage à l’échelle rapide).

La multiplication des données (le volume mondial de données sera multiplié par 5 d’ici 2025 pour atteindre 175 zetaoctets) représente une opportunité décisive pour les collectivités en matière de gain d’efficacité, d’optimisation budgétaire et d’attractivité de leurs territoires. La valeur des données d’intérêt territorial (économie, énergie, transports, déchets, etc.) réside notamment dans la possibilité, grâce à l’activation de la multitude, d’une connaissance fine des publics, voire des profils individuels. Les services territoriaux ont vocation, à l’heure du numérique, à développer des offres sans couture et personnalisées avec un positionnement d’agrégateur d’intérêt général.

Les directives européennes et les lois françaises ainsi que les dispositifs d’appui récents attestent d’une volonté forte de développer la qualité et la sécurité des données au sein du secteur public et d’en faire un levier de transformation de l’action publique sans exclure les publics éloignés du numérique…

Revue du gestionnaire public

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AUTEUR(S) : David Carassus, Michel Klopfer, Eric Portal, Marie-Joelle Thenoz