Corinne Lepage, l’environnement, un nouvel humanisme

La Semaine Juridique Edition Générale n°25

LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

Corinne Lepage, l’environnement, un nouvel humanisme

Avocate, femme politique, Corinne Lepage, a dédié sa carrière aux  questions environnementales. Elle défend une écologie politique et croit en un sursaut de la société civile. Dans l’air du temps.

Make our planet great again ! » appelait le président Macron le 1 er juin dernier après la décision de Donald Trump de quitter l’Accord de Paris. La formule adaptée du « Make America great again ! » martelé par le candidat Trump frappe. Et renvoie chacun à ses responsabilités. C’est ce pari que fait aujourd’hui Corinne Lepage. Après 4 décennies de combats judiciaires, politiques et associatifs en faveur des causes environnementales, l’ancienne ministre de l’Écologie mise sur un droit nouveau porté par la société civile. Ainsi déclarait-elle à l’issue du sommet de Copenhague (2009) : « la société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir », et devenir progressivement, avec les juges, « une force de contrainte pour les États et les grands pollueurs », intimés de modifier leur comportement. C’est tout l’enjeu de la « justice climatique » qui irrigue de plus en plus, à travers le monde, des procès climatiques intentés par des citoyens afin de faire reconnaître la carence des États ou des pollueurs dans la lutte contre le changement climatique et les contraindre à agir. C’est aussi l’idée du « Tribunal Monsanto », ce procès citoyen qui s’est tenu en novembre à La Haye dans le but d’alerter l’opinion et auquel Corinne Lepage s’est associée. Dans un avis consultatif rendu le 18 avril dernier, ce tribunal a reconnu la firme américaine coupable d’atteinte aux droits humains. C’est ce même mouvement porté par la société civile, citoyens et entreprises, qui, au lendemain de l’annonce du président Trump du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, a conduit à une mobilisation générale, estime encore Corinne Lepage. « Donald Trump va faire perdre du temps à l’humanité toute entière. D’un autre côté, il aboutit au contraire de ce qu’il voulait : dans son pays, beaucoup d’États et d’entreprises veulent rester dans l’Accord ». Corinne Lepage voit dans l’environnement « à la fois un nouvel humanisme et la base de l’économie contemporaine ». Pour l’avocate, l’environnement et le numérique sont les « deux mamelles de l’économie contemporaine, le moteur principal de la santé humaine ». Récemment, elle a développé le concept « d’écolomie » pour « économie écologique » et ambitionne de regrouper au sein du MAINE, mouvement qu’elle a créé, des entreprises engagées dans cette nouvelle économie. C’est au côté de son époux, Christian Huglo (V. JCP G 2013, act. 553) , précurseur en la matière, qu’elle se lance dès 1978 dans les combats environnementaux. « Nous avons mené ces actions ensemble. Nous discutons de tout, tout le temps ». Le cabinet Huglo-Lepage est de toutes les affaires : les boues toxiques de la Montedison en Méditerranée, les marées noires de l’Amoco-Cadiz, les victimes des inondations de la tempête Xynthia à La Faute-sur-Mer, les grands dossiers nucléaires, ceux sur les pesticides, les OGM. Et obtient gain de cause jusque devant la CJUE dans l’affaire de l’Erika. Ces victoires judiciaires conjointes ont certainement permis d’éviter d’autres catastrophes pétrolières, se félicite l’avocate. Si la prise de conscience est réelle, Corinne Lepage, auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont « On ne peut rien faire Madame la ministre » et administrateur de Transparency International France, pointe des intérêts économiques « tellement puissants ». L’ancienne ministre de l’Écologie (1995-1997), qui avait fait adopter une loi sur la pollution de l’air, un temps vice-présidente du Modem (2008-2010), candidate à l’élection présidentielle en 2012, puis députée européenne (2009-2014), est désormais à la tête de son propre mouvement Cap21 (Citoyenneté, action, participation pour le 21 e siècle) où elle défend une écologie politique dépassant les clivages gauche/droite.

LexisNexis revue la semaine juridique édition générale

LA SEMAINE JURIDIQUE – ÉDITION GÉNÉRALE – N°25  – 19 JUIN 2017

La Semaine Juridique – Édition Générale

Le magazine scientifique du droit.

Votre revue sur tablette et smartphone inclus dans votre abonnement.

AUTEUR(S) : N. Molfessis, D. Bureau, L. Cadiet, Ch. Caron, J.-F. Cesaro, M. Collet, E. Dezeuze, J. Klein, B. Mathieu, H. Matsopoulou, F. Picod, B. Plessix, P. Spinosi, Ph. Stoffel Munck, F. Sudre, B. Teyssié, S. Torck

S’abonner